Depuis quelques années, le yoga bénéficie d’un véritable engouement en Occident. C’est une tradition, un mode de vie, une école de sagesse élaborée en Inde au VIIe siècle avant l’ère moderne. Depuis, une multitude de formes ont été développées selon les défis et les objectifs visés ; c’est une route, une direction, une opportunité. À chacun sa route, à chacun son yoga en regard des besoins et des personnalités. Personnellement, j’affectionne plusieurs styles, mais je reste fidèle à une pratique traditionnelle qui m’a transformé, inspiré et tant donné : le yoga Kundalini.

Le yoga Kundalini a été introduit en Occident par Yogi Bhajan vers la fin des années soixante. Ce dernier ne cherchait pas à accumuler les disciples, mais plutôt à former des cohortes d’enseignants qui pourraient l’aider à répandre et démocratiser cette pratique millénaire. Bhajan fut d’abord condamné en Inde pour avoir révélé ce yoga royal qui était encore conservé comme un joyau secret. À la fois doux et puissant, accessible à tous, mais parfois très déstabilisant, ce yoga présente des séries d’exercices, postures, respirations, mantras et méditations proposés selon une séquence particulière. Ces séries sont appelées kriyas. Chaque kriya vise un objectif de bien-être particulier au niveau physique, mental ou émotionnel, comme la santé digestive ou l’élimination des peurs. L’extérieur et l’intérieur se reflétant l’un sur l’autre, on cherche l’harmonisation et l’unification. En ces temps modernes, on peut dire que c’est le yoga des « nerfs solides ». Des exercices souvent simples, répétitifs et parfois vigoureux vont régulièrement cibler la colonne vertébrale, le système nerveux et le système endocrinien afin de stimuler l’énergie de la kundalini. Souvent désignée comme l’énergie de la conscience, la kundalini circule le long de la colonne à travers les nadis et s’entrecroise aux chakras avec un sentiment de grand bien-être.

Chaque séance débute par l’Adi mantra « Ong Namo Guru Dev Namo » qui signifie : « J’honore l’énergie créatrice, j’honore la sagesse infinie. » Ce mantra nous branche avec notre propre sagesse et favorise le lien de l’étudiant avec la chaîne d’or de tous les enseignants de la tradition. Il est suggéré de porter des vêtements blancs, symbole de pureté. Cette absence de couleur permet aussi de se sentir moins encombré, de laisser circuler plus librement la pratique de yoga, voire même de créer un bouclier reflétant tout ce qui est à l’extérieur pour se concentrer sur l’intérieur de soi. On y arrive doucement, un peu avec les vêtements blancs, mais beaucoup en se détendant sur tous les plans.

Traditionnellement, la séance se termine par une relaxation au son du gong, une musique céleste qui fait vibrer chaque parcelle de l’être. Ce disque de métal unique fait à la main est un amplificateur sonore qui transporte et libère les gens à coup de vagues successives. « Vous n’avez pas de résistance contre ce son. C’est le maître son, l’Adi Naad. Tout ce que vous pensez devient zéro – le gong prévaut. » –Yogi Bhajan

Le Kundalini, yoga de soi à soi, se présente comme un guide vers l’essentiel et une voie d’éveil. Ses rituels et symboles visent à permettre à notre vitalité de s’exprimer par une meilleure circulation de notre énergie. Ce n’est pas pour rien, d’ailleurs, que certains le qualifient de Yoga Originel : une voie royale vers l’UN.

Chronique initialement parue dans le Journal le Courrier du 24 octobre 2018
Par André-Claude Beaulac