Est-ce à dire que nous devons commencer à regarder les autres de haut et se sentir supérieur ? Ou peut-être que nous devrions fabriquer nos propres vêtements, cultiver tout ce que nous mangeons et pourquoi pas habiter dans des grottes ?

À mon avis, être suffisant débute plutôt par se sentir complet tel que l’on est. Se sentir parfait dans nos imperfections et reconnaitre que nous avons à l’intérieur de nous-même tout ce dont nous avons besoin pour notre bonheur. Pourtant, nous cherchons tous le bonheur à l’extérieur. Nous cherchons partout sauf en nous. Nous voulons croire que la vie parfaite telle que vue à la télévision est possible. Le culte de l’image et de la perfection nous bombarde constamment et aveuglé, la grande majorité d’entre nous l’entretenons.

La pensée magique qu’un objet, un emploi, une relation ou un accomplissement viendra nous combler devient parfois une croyance très rigide et obsessive. Voilà que nous possédons enfin le nouveau gadget de l’heure qui révolutionnera notre vie. Avec un peu de chance et pendant un bref instant, nous nous sentons comblé, heureux, sans aucun désir ni peur. Puis, la nouveauté s’estompe, le vide revient et la recherche recommence.

Vivre ainsi en surface engendre un mal-être profond. La quête sans fin est épuisante et l’anxiété s’installe dans une vie sans assise véritable.

Au Québec, environ 20 % des adultes rapportent des niveaux modérés ou élevés de détresse psychologique. Environ 12 % de la population souffrira d’un épisode dépressif durant sa vie. Les recherches sur le stress se multiplient. Mal du siècle, mal de société, incapacité personnelle à faire face aux exigences de performance et aux difficultés de la vie. Le stress tue !

Le stress est une force vive qui nous permet d’affronter nos défis quotidiens. Lors d’un événement important, la personne évalue la situation et tente de s’adapter. Au niveau biologique se met en branle un ensemble de phénomènes dont la sécrétion des hormones de stress tels que l’adrénaline et le cortisol. L’énergie se mobilise pour combattre ou fuir, mais il arrive qu’il soit impossible de fuir ou de composer avec une situation. L’incapacité de faire face à une situation engendre des conséquences : difficultés de concentration, impatience, maux de tête, ressentiments, isolement, déprime, etc. Arrive jusqu’à une impression de manque et d’incompétence. Dès lors, les hormones du stress s’emballent et laissent peu de repos en nous rendant de plus en plus vulnérable. Les situations difficiles et l’idée que nous nous en faisons provoque un stress invalidant.

Si le stress est intense et se prolonge, il devient toxique. Plusieurs recherches démontrent les liens entre le stress et les malaises et maladies. Chacun de par son unicité et son histoire personnelle a sa capacité de résilience face aux embûches de la vie. Quoi qu’il en soit, le stress chronique est dévastateur et peut engendrer peur, angoisse, dépression, maladie et incapacité à fonctionner, à travailler, à aimer…

Dans les prochains mois, mes chroniques feront l’objet de techniques et pistes de solutions pouvant contribuer au sentiment d’unité et d’entièreté. Mais en attendant, reprenez votre pouvoir, connectez-vous avec ce que vous ressentez, accueillez tout ce qui y est avec bienveillance et faites-vous confiance.

Toutes les clés sont à l’intérieur de nous, mais je vous en prie, ne me croyez pas sur parole et faites votre propre introspection. Votre exploration vous révélera peut-être que vous êtes à cet instant précis déjà absolument suffisant !

Chronique parue dans le journal Le Courrier le 20 février 2018

par André-Claude Beaulac