Nous assistons en cette ère de mondialisation à un désarroi profond, à un sentiment de solitude qui ne cesse de grandir. Nous voyons se répandre un sentiment d’égarement, d’anxiété, une recherche d’identité. Plusieurs personnes ont du mal à trouver un sens à leur vie, à se sentir “à la maison” et ont une incapacité à tisser des liens profonds par peur d’abandon et de la critique.

Plus que jamais, notre vie est scrutée de tous bords tous côtés par les médias, nos voisins, notre communauté, nos proches. Le regard des autres sur ce que nous faisons est omniprésent, et pour plusieurs, il s’agit d’un poids lourd à porter. Ils se demandent sans cesse quelle est la bonne chose à faire.

Je crois que l’une des plus belles manières de lutter contre ce mal-être et de développer notre estime de soi est de donner aux autres. Et pas seulement matériellement : il est important de savoir dialoguer pour faire émerger une présence, une présence qui écoute et encourage. En effet, le contraire de la misère, ce n’est pas la richesse. Le contraire de la misère, c’est le partage. Le don de soi, ce n’est pas du volontarisme, ce n’est pas de l’activisme : c’est vraiment avoir le coeur ému de compassion.

Nous devons réfléchir un peu moins à ce que l’on doit faire et un peu plus à ce que nous sommes. Ce que nous sommes est le résultat de ce que nous avons pensé. Quand nous sommes installés dans un état de bonté, conforme à notre nature profonde, nos actions et nos œuvres peuvent briller d’une vive clarté. La compassion et l’amour se déploient dans notre esprit et dans notre coeur. Nous pouvons ensuite commencer à en faire de plus en plus l’expérience dans notre vie quotidienne. La bonté est faite de petits gestes. Ces gestes ne mènent pas à de grandes victoires ; ce sont des gestes de tous les jours, mais qui n’en sont pas moins héroïques pour autant.

N’ayez pas peur d’être cette présence bienveillante, y compris pour vous-même, car comme l’écrit le psychosociologue français Jacques Salomé : “La pire des solitudes n’est pas d’être seul : c’est d’être un compagnon épouvantable pour soi-même.” Quand nous nous aimons, le don de soi devient notre plus belle preuve d’amour envers les autres. Notre regard devient regard de bonté, de tendresse, de pardon et nous voilà réconciliés avec nous-mêmes, en paix avec les autres, transformés à cause de l’autre.

Donnons alors sans attentes, avec le cœur grand ouvert, sans espérer de reconnaissance ni même de remerciements. Donnons sans nous épuiser, sans craindre de manquer, puisque nous nous ressourçons constamment en nous-mêmes.

J’accepte de recevoir, j’accepte de me donner. Voilà le secret de la joie profonde.

Chronique initialement parue dans le 22 mai 2019 dans le journal Le Courrier du Haut-Richelieu

Par Josée Delage, membre de notre équipe d’échange d’énergie